France 3, 19 octobre, 20h50

LA LIBERTE DE MARIE
révèle Julia Malaval

Entretien avec une surprenante Thérèse Raquin

Le diptyque La Liberté de Marie, un téléfilm de Caroline Huppert, en prend beaucoup justement, de libertés, avec le Thérèse Raquin d’Emile Zola dont il est tiré, alors que l’on célèbre le centième anniversaire de sa mort cette année. La démonstration sociale de l’auteur de Germinal fait place à un drame provincial, sans doute plus proche du fait divers qui a inspiré le modèle, mais sans l’élévation du fondateur du Naturalisme. Heureusement, les acteurs qui incarnent le couple diabolique sauvent la mise. Ils crèvent l’écran. Sagamore Stévenin y fait une prestation qui fera date dans sa carrière. Quant à Julia Maraval qui joue le rôle de Marie, elle est la vraie révélation de ce film. ETV l’a rencontrée pour vous.

Je ne joue pas le rôle d'une gamine

ETV : - C’est votre premier grand rôle ?

JULIA MALAVAL : Ce n’est pas vraiment mon premier grand rôle, mais c’est quand même la première fois où je ne joue pas le rôle d’une gamine, même si je me suis beaucoup amusée pendant ce tournage.

- Vous connaissiez le personnage de Thérèse Raquin qui a inspiré le film ?

- Oui, bien sûr. J’ai lu le livre bien dix fois et le scénario au moins trente fois. Quand j’étais plus jeune, j’avais lu le roman et je rêvais de jouer un personnage comme celui-là. Quand j’ai appris que je faisais le rôle, je n’y croyais pas. Je me suis dit, ce n’est pas possible, c’est un rêve. J’ai pensé à cela tout le long du film.

- Vous vous identifiez dans ce personnage de Cosette de province ?

- Non, il fallait que je le fasse, c’est tout. C’est un rôle de composition, tellement riche, tellement complet, tellement entier… C’est jouissif de jouer un rôle comme celui-là.

Des amants meurtriers

- Comment s’est passé le tournage ? On sent qu’il y a une grande complicité avec Sagamore Stévenin…

- Avec tout le monde ! Evidemment avec Sagamore, puisque tout le film tourne un peu autour de nous.

- J’ai remarqué que vous n’étiez pas très habile avec les outils de bijouterie.

- Ah, bon, c’est vrai ? J’ai beaucoup travaillé pourtant! Cela dit, il y a des situations où Marie est stressée, où elle appréhende la rencontre avec son amant. C’est cette tension qui fait qu’elle est maladroite.

- Dans ce couple d’amants meurtriers, on n’arrive pas à savoir si c’est Vincent, le personnage que joue Sagamore, qui mène la danse ou si finalement c’est vous, qui jouez le personnage de Marie, qui tirez les ficelles ?

- Vous le découvrirez dans le deuxième épisode, je pense. Pour Marie, il y a comme un déclic…Grâce à Vincent, elle prend conscience de son existence, de la possibilité qu’elle a de sortir de l’état de semi conscience, d’inertie dans laquelle elle était plongée. Elle agissait comme un automate. C’est lui qui l’a révélée à elle-même.

- Qui la fait devenir femme.

- Oui. D’un point de vue charnel, elle prend du plaisir. Elle s’épanouit. Dans le roman, comme dans le film, c’est très important.

Une libre adaptation de Thérèse Raquin

- Il y a une folie dans cet amour. Une folie meurtrière.

- Oui, mais bénéfique pour Marie qui va pouvoir enfin vivre librement. Dans la deuxième partie, elle est plus maître d’elle.

- Dans le film, Sagamore a pour vous un désir… On a l’impression qu’il vous mangerait.

- C’est un peu voulu… C’est comme cela dans le roman. S’il n’y avait pas eu un minimum de désir… Le roman, c’est pire que cela encore.

- Chez Zola, il y a une démonstration sociale. C’est beaucoup plus misérabiliste.

- Oui. C’est très librement adapté. C’est que qu’a voulu la réalisatrice, Caroline Huppert. On a voulu que toutes les générations retrouvent le sujet du roman. Je pensais que ce serait beaucoup plus dramatique. Mais avec ces acteurs qui nous entourent et qui sont extrêmement comiques, alors que nous, on a un rôle assez pesant à tenir, cela donne ce ton.


Propos recueillis par Didier Pasamonik, le 27 septembre 2002

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