22 Septembre 2001 - TELEVISION

Julia ou la fraîcheur de vivre

Jeune comédienne Julia Maraval devient une des figures familières des petits et grands écrans. Passions, études, parents, elle égrène ses envies et ses dégoûts. Rencontre.

Les déracinés. France 3, 20 h 50.

Julia Maraval a tout juste vingt ans, et un joli minois de petite fille sur un corps de femme. Julia hésite entre timidité et maturité, entre sourire et gravité. Elle penche parfois pour la confidence, avant de revenir sur ses gardes : raconter des secrets à une journaliste, ça peut vous entraîner loin. Julia Maraval, ou une fraîcheur bienvenue dans ce monde de l'audiovisuel.

Curieusement, la jeune femme, qui a tourné quatre téléfilms depuis 1998, vit sans la télévision. " J'ai été élevée sans la télévision, et de toute façon mon appartement est trop petit ", plaisante-t-elle. Aucune importance. Reste pour elle le plaisir d'avoir joué, d'avoir participé à ces aventures humaines que sont les tournages, d'être allée chercher au fond d'elle-même des émotions à partager.

La carrière, déjà longue, de Julia Maraval commence presque par hasard. La gamine de neuf ans entre à l'école des enfants du spectacle, option danse. " C'était le rêve de ma mère, j'ai tout envoyé promener à l'adolescence, par révolte. Et parfois je m'en mords les doigts. " Un jour, à la sortie de l'école, elle aperçoit une annonce dans la boulangerie où elle achète son goûter. Elle postule. Elle n'est pas prise, mais ne tarde pas à être rappelée, pour l'Entraînement du champion avant la course, de Bernard Favre, qu'elle tourne avec Richard Berry et Mireille Perrier. Pour la fillette un peu sauvage, la caméra est une révélation : " J'étais très asociale. Je ne parlais qu'à mes parents et à mes sours, je détestais les enfants de mon âge, que je jugeais cruels, je criais tout le temps. " Insupportable gamine ? Non, juste d'une timidité maladive. Mais capable de bondir sur une vieille dame juste pour lui dire qu'elle la trouve belle. La caméra réconcilie la petite fille avec elle-même, au moins le temps d'un tournage.

Après, les choses se précipitent. " J'ai enchaîné les tournages un peu malgré moi ", susurre-t-elle. Puis, avec un sourire malicieux : " Mais j'adorais ça. Je vis les tournages comme une grande récréation. La production me donnait des cours particuliers, pour que je n'accumule pas de retard scolaire. " Elle commence parallèlement une carrière à la télévision où elle est l'héroïne de Nora, d'Edouard Molinaro, des Ritaliens, de Philomène Esposito, ou encore des Déracinés, de Jacques Renard. Sur les tournages, l'adolescente ne côtoie que des adultes, s'empare de leurs petits secrets, et ne cesse de bouquiner.

Julia a fait ses premiers pas sur les planches en 1997, dans Derrière les collines, de Jean-Louis Bourdon. Une expérience inoubliable : " Le contact direct avec le public, c'est une montée d'adrénaline d'une puissance ! Presque un orgasme. " Elle rit. Espère jouer à nouveau bientôt au théâtre. Et ne se repose pas sur ses acquis. La belle prépare une licence de lettres, " parce qu'on ne possède jamais rien, et surtout pas la notoriété ". Aussi parce que " j'ai besoin d'un épanouissement personnel. Je tourne au maximum deux films par an, j'ai besoin de m'occuper entre-temps ". Pour " s'occuper ", comme elle dit, elle participe aussi à des enregistrements de feuilletons radiophoniques, ce qui la ravit. " Je trouve ça génial. C'est une facette du métier que je ne soupçonnais même pas ", s'enthousiasme-t-elle. D'ailleurs, elle pourrait en parler des heures. La petite bavarde tient à dire aussi un mot sur la situation des intermittents du spectacle : " On n'est pas considérés. Quand j'ai cherché un appartement avec mon copain musicien, on m'a sorti : et à part vous exhiber à la télévision, vous faites quoi, dans la vie ? " Ça l'a estomaquée. Elle, elle aime tourner, et de préférence des fictions qui ont du sens. Comme les Déracinés. " C'est la première fois qu'on évoque vraiment la guerre d'Algérie à une heure de grande écoute à la télévision, en fiction. Moi, je suis fière de participer à ce genre d'expérience. " Et elle a bien raison.

Caroline Constant


Page réalisée par Intern@tif - Lundi 24 Septembre 2001

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